Éric Drapeau
– De l’authenticité mur à mur
– De l’authenticité mur à mur
Avant de construire des bâtiments, Éric Drapeau construit des relations. Des relations vraies et pérennes où les protagonistes aiment se renvoyer la balle.
Pas étonnant qu’Innoval, l’entreprise qu’il dirige, tire aussi bien son épingle du jeu dans les montagnes russes du marché immobilier.
Dire que Éric Drapeau aime son métier relève de l’évidence. Quand il parle d’entrepreneuriat, ses yeux se mettent à briller d’un éclat particulier, et les mots déboulent, nombreux et bien sentis. «J’aime faire des affaires, reconnaît-il, mais je préfère surtout entreprendre, réaliser des projets, en faire une réalité économique intéressante. Créer de la valeur.»
Le choix du nom Innoval n’est pas innocent. Fusion des mots «innover» et «valeur», il reflète la volonté du président de prospérer en faisant appel à des valeurs humaines. Et au sommet de sa liste, trône la notion de fidélité. L’entreprise ne se présente pas comme un partenaire immobilier pour rien. Innoval fait affaire à quelques exceptions près avec les mêmes investisseurs, banquiers et avocats depuis le jour 1. À ses yeux, la stabilité et la confiance font nécessairement arriver les choses.
Éric Drapeau
«Être un partenaire, explique le président de 54 ans, c’est se soucier de l’autre, du bien-être de nos locataires, de nos clients, de nos associés. C’est jouer en équipe. En collaborant, tu vas plus vite, plus loin.» L’écoute, la bienveillance, la sincérité et la fiabilité font aussi partie de l’équation. Et la formule semble à l’évidence bien fonctionner.
Fondée en 2011, Innoval est aujourd’hui un incontournable de l’immobilier commercial, industriel et professionnel sur la Rive-Sud de Montréal. Les chiffres ne mentent pas: l’entreprise gère aujourd’hui près de 278 000 pieds carrés de bâtiments en espaces locatifs.
Malgré le succès de son entreprise, l’homme n’est pas le genre à se vanter de ses bons coups. Il laisse à d’autres le soin de se péter les bretelles, et ils sont assez nombreux dans le milieu de l’immobilier, dit-il, avec un sourire complice. De son propre aveu, l’entreprise préfère la jouer low profile. En respectant les règles du jeu.
«On ne se racontera pas d’histoire. Il y a des scandales dans le monde de l’immobilier et de la construction. Chez Innoval, on fait des affaires de façon transparente, propre et humaine. Des vraies transactions gagnant – gagnant.» Dans son livre à lui, l’immobilier à l’échelle humaine existe. Humanité et finances peuvent faire bon ménage.
Né à Saint-Amable, d’un père assureur et d’une mère orthopédagogue, Éric Drapeau se passionne jeune pour le golf. Dès l’âge de 9 ans, son père l’inscrit au club de golf de Beloeil où il jouera et travaillera. Autour de lui, des professionnels, des entrepreneurs, des hommes d’affaires dont il aime la liberté, l’aisance, la prestance. Assez pour lui donner l’envie de les imiter.
Après un bac en administration des affaires, il travaille comme représentant pour une multinationale. Il aiguise ses réflexes de vendeur en vantant les mérites de… fils à coudre. Que retient-il de cette expérience? «Que j’aimais vendre. Parce vendre, c’est comprendre un besoin et essayer de lui trouver une réponse.» Par la suite, il rejoint une entreprise en construction qu’il quitte pour fonder Innoval avec un associé.
En 2005, il fait une rencontre qui changera sa vie, celle de Luce Perreault, sa compagne actuelle et proche collaboratrice. Parce que, oui, l’expression «Derrière chaque grand homme se cache une femme», et une grande, ai-je envie d’ajouter, s’applique très bien à Éric Drapeau. C’est elle qui lui a ouvert les yeux sur l’importance du travail. «Elle m’a donné un coup de pied au derrière, résume-t-il en riant. Complémentaires dans nos compétences et nos idées, on a grandi, investi et bâti des choses ensemble.»
Éric et ses partenaires chez Innoval.
Comment Éric Drapeau explique le succès d’Innoval? «On suit notre plan de match, et on l’exécute ensemble, répond-il du tac au tac. Ok, mais encore… «Même si ça peut paraître prétentieux, j’ai un côté visionnaire. L’immobilier a ça de bon: il y a quelque chose d’excitant à créer à partir de zéro, même pas un plan d’architecte, le modèle économique, les associations, bref, le projet.»
Et cette vision se traduit concrètement en faisant, par exemple, de parcs industriels des milieux de vie. En repoussant, s’il le faut, les cadres réglementaires d’une ville qui refuse de manière générale de mixer les usages. Pour lui, il est contre-productif de s’encarcaner en plaçant les usines dans le même coin, les bureaux dans l’autre et les loisirs ailleurs.
Voilà le plan osé, celui de décloisonner, qu’il a proposé à Varennes, et que la ville a entériné. Aujourd’hui, de gros joueurs comme Métro, Jean Coutu, Amazon et plus de 5 300 travailleurs cohabitent avec des écoles de musique, de gymnastique, de danse, une clinique médicale, de la restauration. «Il y a maintenant de la vie dans le parc industriel 7 jours sur 7. Tu deviens une mini communauté. C’est plus intéressant socialement et économiquement.»
Éric Drapeau pense ce qu’il dit et dit ce qu’il pense. Parmi les grands défis qu’il doit affronter, il parle entre autres de la lourdeur bureaucratique. «À trop vouloir paramétrer et réglementer, une nouvelle loi par-ci, un nouveau formulaire par-là, les paliers gouvernementaux te responsabilisent à outrance. C’est lourd à gérer. Tu passes plus de temps dans la paperasse qu’à faire ce que tu fais le mieux: créer de la richesse et des emplois.»
Éric et Luce.
Et comment cet adepte de sports de raquette, et grand coureur devant l’éternel – «c’est méditatif» -, voit-il son avenir? En continuant de développer des projets, bien sûr, immobiliers, de vie, pourquoi pas, de cuisine.
À 54 ans, il souhaite rester intellectuellement et physiquement actif. «Je me vois continuer d’aider des fondations. À faire du conseil, et toujours de l’investissement, mais peut-être de façon plus détachée. J’espère avoir un petit peu plus de temps pour moi.»
Et pour Luce, on s’en doute un peu.
Texte d’Hugo Léger
Malcom.one | Stratégie d’affaires
