Catherine Pérusse
– PERFORMER AVEC LE SOURIRE
– PERFORMER AVEC LE SOURIRE
Présidente de Safety First, Catherine Pérusse est une compétitrice-née. Donnez-lui un obstacle, elle le franchit, un défi, et elle le relève.
Tout cela, en veillant jalousement au bien-être de ses employés.
On pourrait la croire timide au premier abord. Plutôt réservée. Mais ce serait mal la connaître. Son bonheur, Catherine Pérusse le trouve dans l’action, le mouvement, la réalisation.
«Je carbure aux projets. J’ai toujours besoin de sentir que les choses avancent», résume-t-elle.
Attention, feu roulant droit devant.
Si le terme n’avait pas une connotation péjorative, on serait tenté de qualifier Catherine Pérusse de super woman. Préférons-lui le mot «battante».
Imaginez un instant: mère de quatre enfants, de 17, 14 , 6 et… 1 an et demi, «mon plus beau et mon plus grand défi», elle dirige une entreprise de 125 employés et se passionne pour les projets d’auto-construction.
Et cette dirigeante à la carrure athlétique et au caractère bien affirmé ne veut rien sacrifier. Ouf, qui m’aime essaie de me suivre.
Catherine Pérusse
Catherine Pérusse est la troisième génération de Pérusse à diriger l’entreprise fondée en 1977 par son grand-père Léo. Safety First œuvre dans la prévention des incendies, garantissant des services d’inspection et d’installation d’équipements dans des cuisines commerciales et institutionnelles. Inspection et entretien des extincteurs, des gicleurs automatiques et systèmes d’alarme incendie font aussi partie de son offre de service.
Après des études en commercialisation de la mode, « je n’avais aucun intérêt pour l’entreprise à la base », confesse-t-elle, l’aînée des Pérusse apprivoise l’idée de suivre les traces de son père. Des proches lui rappellent la chance qu’elle a d’avoir une belle entreprise familiale qui lui tend les bras. Un bac en gestion des HEC plus tard, elle plonge, et quand cette ex-nageuse et entraîneur de nage synchronisée plonge, ce n’est pas pour faire des ronds dans l’eau.
À 24 ans, elle devient présidente de la succursale de Québec où elle est parachutée pour redresser un bureau qui bat de l’aile. Un bébé naissant sous le bras, sans expérience, loin de ses parents, elle fait ses classes, gagne en expérience et en confiance, et relève le défi haut la main.
De retour à la maison-mère, la passation des pouvoirs se fait naturellement. Son destin était écrit dans le ciel. À seulement 34 ans, elle accède à la présidence de Safety First. «Personne ne voulait assumer ce rôle», dit-elle avec la franchise qui la caractérise.
Rétrospectivement, elle mesure pleinement la chance qu’elle a eue. «Mon père m’a laissé presque carte blanche. Je n’ai pas vécu l’insécurité. Et j’ai hérité d’une entreprise en santé. Reste que je voulais l’amener à un autre niveau.» Chose promise, chose due : sous sa présidence, Safety First passe de 6 à 25 millions $ de chiffre d’affaires en quelques années.
Dans la vie, Catherine Pérusse ne se perd pas en longs discours. Les conférences, les causeries, ce n’est pas trop sa tasse de thé. C’est dans l’action qu’elle se révèle. Bien sûr qu’elle analyse, soupèse, consulte beaucoup avant de prendre une décision – «j’aime connaître l’opinion de mes proches collaborateurs, de mes employés. C’est vraiment un travail d’équipe», tient-elle à préciser, mais quand il faut se brancher, on sait très bien qui le fera.
Prendre des risques ? Oui, bien sûr. Des risques calculés, mais des risques quand même. «J’ai parfois manqué de faire faire des crises de cœur à mon père, reconnaît-elle, mais il m’a laissé aller. Je n’ai jamais vraiment eu de supérieur. Très jeune, j’ai été habituée à vivre avec mes décisions.»
Employés de Safety First
Comme entrepreneure, les défis qu’elle rencontre sont nombreux, mais toujours formateurs. «Le plus grand, confie-t-elle, c’est de faire grandir l’entreprise sans qu’elle perde son esprit familial. D’assurer la croissance, tout en gardant un lien avec les équipes, nos clients, nos valeurs humaines.» Et parfois, ça tient à des détails aux yeux de la présidente: «Je n’ai jamais voulu d’un répondeur à la réception. Je tiens à ce que ce soit une personne qui te réponde.».
Femme d’action bien sûr, mais aussi, pour beaucoup, femme de cœur, vous aviez compris. «Je veux que les employés soient heureux. Qu’ils soient contents de rentrer travailler le matin. L’une de mes fiertés, c’est de voir que 125 familles vivent de leur emploi chez Safety First.» Pour veiller à leur bien-être, elle fait le nécessaire: aménagement d’un gym, d’une terrasse intérieure, d’une salle à manger. Sa philosophie pourrait se résumer en quelques mots: la performance par le plaisir. Et le plaisir tient parfois à de petits gestes.
La clé du succès d’une entreprise, à son avis?
«C’est de reconnaître les forces et les faiblesses des gens, en commençant par les tiennes. Toute seule, je n’y arriverais pas. On ne peut pas tout contrôler. Il faut apprendre à déléguer, à responsabiliser. Ça fait grandir le monde. C’est nécessaire d’être fier de son travail.»
Et les qualités d’un bon entrepreneur?
«D’amener les gens à leur plein potentiel. Les faire participer, qu’ils apprennent. Je crois beaucoup à la formation. Chaque rôle est important dans l’entreprise. Personne n’est un numéro.»
Quand elle est tombée enceinte de son petit dernier, sachant qu’elle serait moins présente dans l’entreprise, elle a réalisé que le moment était venu de préparer l’avenir comme il se doit. Trois nouveaux actionnaires se sont joints aux trois existants dans les dernières années. S’entourer de gestionnaires compétents et d’expérience pour l’épauler dans la croissance était devenu nécessaire. «On n’a pas le choix si on veut passer à la vitesse supérieure.»
Catherine Pérusse est optimiste pour l’avenir. L’industrie de la sécurité offre un potentiel presque assuré. «La sécurité restera toujours une priorité. Il n’y a pas un bâtiment qui ne peut pas être mon client. Mon objectif est de poursuivre notre croissance de façon saine et maîtrisée.», dit celle dont l’entreprise protège déjà près de 95% des restaurants au Québec.
Et elle, la battante, la fonceuse, elle se voit où dans cinq ans ? «J’aimerais ça quand même ralentir un peu, dit-elle en souriant, tout en assurant une certaine croissance. Retrouver un peu d’équilibre. C’est pour ça qu’il faut construire une équipe solide.»
Si l’on avait à parier sur une personne pour y parvenir, à n’en point douter, ce serait elle. Le solide, elle connaît.
Texte d’Hugo Léger
Malcom.one | Stratégie d’affaires