Mathieu Georges
– LE PLAN DE MATCH DU JOUEUR-ENTRAINEUR
– LE PLAN DE MATCH DU JOUEUR-ENTRAINEUR
Mathieu Georges parle rarement au je, presque toujours au nous. Le concept d’équipe, il le porte en lui. Rigoureux, optimiste et visionnaire, le président de Navada cultive l’ambition de construire collectivement «la plus belle entreprise intégrée au Québec.»
Et on a envie de le suivre.
Dans la ligue de hockey de Navada qui compte plus de 60 employés de l’entreprise, Mathieu Georges est un joueur comme un autre. Aucun favoritisme, ni statut particulier. Il se fond au groupe sans égard à sa position. Cette idée d’être one of the boys lui plaît.
Grand sportif devant l’éternel, il se fend d’un large sourire quand il compare le monde de l’entrepreneuriat au sport professionnel: «Il faut avoir une vision sur 3, 5 et 10 ans, établir un plan de match, trouver, former et placer les bons joueurs aux bonnes positions. L’objectif, c’est de miser sur les forces de chacun plutôt que d’essayer d’améliorer leurs faiblesses.»
Il n’y a donc aucune surprise à voir, sur les chantiers Navada autant que sur la glace, des ingénieurs, des ferblantiers, des frigoristes, des plombiers et des électriciens travailler main dans la main. C’est d’ailleurs l’un des faits d’armes de l’entreprise d’avoir réussi à briser les silos entre les différents corps de métier, bousculant le modèle traditionnel de la construction québécoise.
«Ici, il est peu commun, voire mal vu, qu’une même entreprise soit responsable à la fois de l’ingénierie, de la réalisation des travaux et de l’entretien, explique Mathieu Georges. Pourtant, c’est exactement ce qu’on a fait: offrir une approche intégrée, plus logique et plus performante pour le client. Sortir de ce cadre figé a été un véritable défi culturel et structurel.»
Mathieu Georges
Force est de constater que le défi a été relevé de main de maître. Navada a aujourd’hui le vent en poupe: plus de 800 employés, un carnet de commandes qui ne dérougit pas et une liste de clients comptant de grandes bannières du secteur privé en entretien, et des entrepreneurs généraux parmi les plus influents. Mais aux yeux du dirigeant, la taille d’un client importe peu: les 5 000 adresses desservies à travers le Québec peuvent en témoigner.
S’il n’était pas président d’entreprise, Mathieu Georges pourrait être jongleur. À voir le nombre de quilles qu’il réussit à faire tourner autour de sa tête, ingénierie, contrôle, ventilation, réfrigération, chauffage, plomberie, électricité, de la conception/réalisation des travaux jusqu’à l’entretien, plusieurs chefs d’entreprise sortiraient étourdis de l’exercice. Ou stressés. Pas lui. «Je suis né sans cette option. Le stress, il faut le ramener à ce qu’il est vraiment, pas le subir.»
Dans son esprit, chaque problème trouve sa solution. «C’est aussi ça être entrepreneur: prendre le fardeau du risque, l’isoler, puis le transformer en quelque chose de positif. C’est quoi le risque réel à la fin de la journée.»
La ligue de hockey de Navada compte plus de 60 employés de l’entreprise.
On ne devient pas dirigeant, du jour au lendemain, comme par magie. «Les compétences se développent sur le terrain, avec la rigueur et la volonté d’apprendre continuellement. Le meilleur raccourci, c’est d’écouter celles et ceux qui sont passés par là avant nous», soutient Mathieu Georges.
Cela dit, dès son arrivée chez Navada, le jeune homme originaire de Saint-Constant affiche déjà une ambition claire et une vision précise de ce qu’il souhaite accomplir. Il gravit les échelons un à un, avec méthode et constance, fidèle à son image. En 2009, en compagnie de Francis Renaud, un ami de longue date rencontré au cégep, il devient actionnaire aux côtés des dirigeants de l’époque. Puis, en 2019, le duo amorce un nouveau chapitre : celui de l’intégration progressive de sept nouveaux actionnaires, avec l’objectif affirmé d’assurer la pérennité de l’entreprise.
Et comment l’assure-t-on cette pérennité? «En gardant Navada toujours jeune. En bâtissant une relève. En ne faisant pas l’erreur d’entrepreneurs qui, par ego trip, s’accrochent au pouvoir.» Et ce ne sont pas des paroles en l’air : les neuf actionnaires de Navada ont un âge moyen de 43 ans.
Pour Mathieu Georges, il n’y a pas de secret pour réussir comme entrepreneur. Il faut prendre le temps de comprendre qui l’on est et ce que l’on veut. Avoir une vision claire et un plan bien défini. Réfléchir en fonction des réelles capacités de l’entreprise. «C’est bien beau de rêver, précise-t-il, mais c’est encore mieux de rêver réalistement. Mon rôle, c’est de penser loin, d’analyser juste, et simplifier ce qui semble complexe.»
Mais au-delà des chiffres et des réalisations, c’est de la culture forte et cohérente de l’entreprise dont il est le plus fier. Un modèle collaboratif où l’on avance tous dans la même direction, où l’on tire profit du génie collectif en se donnant un objectif commun.
Ce n’est pas tout: ce travail-là doit se faire dans le respect et le plaisir. Oui, travailler en s’amusant. Et s’amuser en travaillant. Performer, d’accord, mais avec le sourire. «La vie est belle chez Navada, et ce n’est pas moi qui le dis, résume le président. On travaille tous les jours de notre vie. Aussi bien que ce soit plaisant.»
«On travaille tous les jours de notre vie. Aussi bien que ce soit plaisant.»
Et l’avenir de l’entreprise, elle se dessine comment? La réponse du président ne se fait pas attendre. «Avant tout, on veut continuer d’être une solution fiable et pertinente pour les entreprises dans notre domaine.»
Le marché évolue, confesse-t-il, les règles du jeu changent rapidement, l’agilité est de rigueur. «De belles entreprises passent aujourd’hui entre les mains d’investisseurs étrangers et d’autres sont en consolidation. Navada, elle, va miser sur la créativité et des choix stratégiques solides afin d’assurer son avenir.»
Et Mathieu Georges, lui, il se voit où dans cinq ans? «Chez Navada, en cherchant à évoluer, à me réinventer, à toujours me remettre en question, pour rester aligné sur le rôle que l’organisation veut me confier.»
Vaste programme, mais on peut dire que c’est bien parti.
Texte d’Hugo Léger
Malcom.one | Stratégie d’affaires